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Note #3 - La Mouche (1986)


Salut à tous !


Enfin, après deux mois d'attente, Etienne étant enfin rétabli d'une malheureuse grenade (je ne comprend pas pourquoi vous me regardez comme ça), j'ai le plaisir de vous présenter le 3ème essai. Et dis donc, y en a des choses à dire dessus.

On a choisi, à travers l'excellent La Mouche, réalisé en 1986 par David Cronenberg et remake du non moins excellent La Mouche Noire réalisé en 1958 par Kurt Neumann, de parler de téléportation.


Nous y suivons un physicien prometteur, Seth Brundle (joué par Jeff Goldblum), qui parce qu'il est sujet au mal de tous les véhicules à roue, voiles, ou ailes, travaille d'arrache-pied dans un laboratoire miteux en vue de découvrir comment se téléporter. Le fait est qu'il y arrive, et qu'en testant la téléportation sur lui-même, il se retrouve malencontreusement mélangé avec une mouche.

Mélangé ?

Oui, mon jeune ami, tu as bien lu. Mélangé. Et en fait, ben ceci a provoqué chez moi une remise en question si forte que je suis resté enfermé chez moi pendant 3 mois à inonder mon parquet des larmes de mon corps (j'avais 12 ans).


Oh, petit bouchon, mais pourquoi ?

Mais je vais te le dire, mon jeune ami. J'avais lu un rapport publié en 2001, et parlant de la téléportation. Comme je le dis dans le troisième essai, ce rapport décrit 5 concepts de téléportation.


Mais si t'en parles dans la vidéo, pourquoi tu en reparles ici ?


Parce que j'estime que c'était un peu survolé dans la vidéo, du coup, j'agrémente, mon jeune ami.

Chaque concept décrit une méthode différente de téléportation. Vous êtes prêts ?


Oui.


Allons-y.


Les cinq concepts décrits sont les suivants : sf, vm, q...


On sait !


Mon jeune ami ?


Oui ?


Ta gueule. Donc, je disais, sf, vm, q, e et p. Le rapport s'intéresse surtout aux quatre derniers, le premier (sf, pour science fiction), n'étant pas basé sur des théories précises mais seulement à des... "délires" de scénaristes en manque de consultants scientifiques.

Je vais donc développer cet article en 4 points, un pour chaque concept (facile, le plan).


Void Metric


Le principe de ce concept est de passer à travers un trou de ver, pour nous rendre d'un point de l'espace à un autre. Pour revenir au film, l'un des télépod sert d'entrée du trou de ver, l'autre de sortie.

Si je me doute qu'aucun d'entre vous ne visualise un trou creusé par un ver dans la terre, il est possible que la notion de trou de ver ne soit pas évidente pour tout le monde.

Dans le formalisme de la Relativité générale, Einstein voyait l'espace-temps (car ces 4 dimensions ne sont plus indissociables) comme une espèce de nappe repliée sur elle-même en plusieurs couches (tu le sens, mon formalisme ?).

Cette vision permet également d'expliquer la Gravitation. Tendez une nappe, posez un gros machin au centre et envoyez une bille à proximité. Elle va tourner un peu avant de tomber sur le gros machin.

Du coup, tous les objets posés sur cette "nappe" vont la courber, entraînant une déformation de l'espace-temps. Et dans ce formalisme, si l'objet posé sur la nappe est trop lourd, il peut traverser l'espace-temps, provoquant ainsi une ouverture entre un point de l'espace-temps et un autre. Cette méthode présente néanmoins deux problèmes :

  • Il faut de la matière dite exotique ou noire, fabuleux objet dont la masse est négative (tu le sens toujours pas, mon formalisme ?).

  • Il faut que la masse de cette matière noire corresponde, en valeur absolue, à environ 70% de la masse de Jupiter (pour un trou de ver de 1 mètre de diamètre)

Conclusion : c'est chaud... On met difficilement Jupiter dans l'un des petits télépods de Brundle.

Une autre méthode consiste à modifier tellement les propriétés du vide qu'il deviendrait possible de se déplacer plus vite que la lumière (Ah, tu le sens, maintenant, mon formalisme !). Sauf qu'on parle de déplacement, et il semble me souvenir que quand Brundle se téléporte avec son amie la mouche, il reste accroupi en slip.

A priori, ce n'est pas le concept vm qui est utilisé par Brundle pour se téléporter.


Quantic



Non, reviens, c'est pas un gros mot ! Enfin, c'est pas le plus gros mot qu'il y aura dans cette note.

Il y a plusieurs notions à saisir avant de parler de quantique. Sache, mon jeune ami, que tu es en fait constitué de plusieurs millions de particules (des molécules et des atomes), minuscules, tellement qu'il est impossible de les voir. Que ces particules sont dites quantiques, parce qu'elles obéissent aux règles de la physique quantique (celle qui nous intéresse le plus ici est l'intrication).

Donc, l'intrication : deux particules quantiques ne peuvent pas être considérées séparément, même si elles ne se trouvent pas au même endroit. Par exemple, si on prend deux particules quantiques voisines, si on les sépare et qu'on en retourne une, l'autre se retournera aussi.


Okay, mais pourquoi tu nous parles de ça ?


Mon jeune ami, tu as posé une question pertinente, je ne te molesterai pas cette fois-ci.

Dans le concept de la téléportation quantique, le sujet est réduit à l'état de ses particules. Plutôt que d'avoir le sujet complet, on a toutes ses particules détachées les unes des autres. Et vu que ce sont des particules quantiques, elles sont soumises à l'intrication. Ainsi, chaque particule sait exactement où et à côté de quelle autre particule elle DOIT se trouver.

Un peu comme si t'achetais une boîte de lego, et que chaque pièce se plaçait d'elle-même là où il faut. Frustrant, non ?

Cela dit, ce concept aurait pu être utilisé dans les télépods de Brundle.


Exotic


Oui, ça fait rêver... Moi aussi, je pensais à une plage de sable chaud, avec une mer bleue turquoise, des palmiers... Puis, j'ai compris que ce concept faisait appel à une autre dimension ou à un autre univers. Et en même temps, c'est logique. On parle de téléportation. Il n'y a guère que dans World of Warcraft que l'on peut utiliser un vortex de sable pour se téléporter, et il faut bien l'admettre, les développeurs de ce jeu sont pas toujours sobres, ça se saurait.

Bref ! Ce concept sera assez simple à brosser, finalement. Tu utilises une autre dimension de l'espace-temps. Quand tu marches, tu te déplaces selon les dimensions longueur-profondeur. Quand tu sautes, c'est la hauteur. Et bien sûr, le temps file. Du coup, on peut envisager une 5ème dimension que tu emploies quand tu te téléportes. Ou même mieux ! Pourquoi ne pas utiliser un univers parallèle, tant qu'à faire ? Avec ses propres dimensions, son propre écoulement du temps, ses propres lois ? Tu sautes dans cet univers, et tu en sors à un autre point de notre espace-temps.


Il es possible aussi que Bundle ait utilisé ce concept.


Parapsychologic


Pour celui-ci, pas besoin d'un gros pavé (ouf). Tu penses très fort à l'endroit où tu veux aller et... ben t'y vas. Facile, hein ?

Quant à savoir si c'est celle-ci qu'on utilise dans le film, j'aurais tendance à dire que non. Si c'était le cas, il n'y aurait pas besoin des télépods.


C'est l'élément scénaristique principal du film qui nous apporte la réponse. La fusion avec la mouche. Quel effroyable retournement de l'intrigue...

On hésite entre le concept q et le concept e.

Dans ce dernier, la mouche et Bundle restent tout deux complets pendant la téléportation. Ils n'ont donc aucune raison de fusionner.


Mais...


AUCUNE !


C'est la quantique, alors.


NON !


Mais pourtant, Bundle et la mouche étaient sous forme de particules, quand ils se sont déplacés.


T'as pas du tout suivi, mon jeune ami. On a parlé d'intrication quantique, plus haut. Les particules composant la mouche saventoù elles devront se trouver à l'arrivée, et formeront donc une mouche (la même) à l'arrivée. Pareil pour les particules de Bundle.


Mais... Ils devraient pas fusionner, alors...


Exactement.


Es-tu en train de nous dire que tu as détecté une incohérence ?


...Oui...


Et ça te met en joie =).


En fait, ça me déçoit. Comme quand j'avais vu le film pour la première fois. Il y a un concept qu'on a survolé et qui permettrait une fusion de la mouche et Bundle pendant la téléportation.


Tu veux parler de... Oh mon dieu...


Oui, mon jeune ami. Je veux parler du concept sf... Le terrible, celui qui peut transgresser les lois de la physique, parce qu'après tout, on est au cinéma, et qu'on peut tout faire dans un film (comment ça, j'ai pompé la conclusion du premier Essai ?). Et surtout parce que ta gueule, c'est de la science !

Et ici, on en transgresse une belle, de loi. Si la téléportation utilisée est sf, on peut penser à ce scénario :

  • Sujet entre dans le télépod

  • Ordinateur calcule composition particulaire du sujet

  • Sujet est désintégré dans le télépod de départ et reconstruit dans le télépod d'arrivée EN MÊME TEMPS.

J'ai envie de pleurer... On parle quand même de perte et de création.

Et ça va complètement à l'encontre du principe de Lavoisier (d'ailleurs, j'parle tout le temps de premier principe de Lavoisier dans la vidéo. Cherchez pas, y en a pas d'autres =D). Antoine, de son prénom, énonce en 1777 : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, bitches !

Mais, dans le télépod de départ, il y a perte. Du coup, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, bitches !

Dans le télépod d'arrivée, il y a création. Du coup, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, bitches ! (Okay, j'avoue, c'est moi qui ai ajouté le bitches...)


Le film crache un peu sur ce principe, on est d'accord... Ce qui est extrêmement décevant.

Ce qui ne m'empêchera pas d'être toujours aussi fan de Cronenberg.


A très vite, bande de filous !


Nico

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